Horacio Pagani, du carbone ou rien

Dans le monde des supercars, l’excellence est sans cesse réévaluée, à la recherche d’une perfection aussi bien mécanique qu’esthétique. À ce jeu-là, une entreprise italienne fondée en 1992 ne cesse d’impressionner, modèle après modèle, par sa capacité à concevoir de véritables œuvres d’art sur roues. Du haut de ses 30 années d’existence, Pagani incarne un savoir-faire unique, porté en grande partie par la vision de son fondateur, Horacio Pagani.

Né à Casilda, en Argentine, le 10 novembre 1955, Horacio Pagani manifeste très tôt un intérêt tout particulier pour l’ingénierie automobile. À seulement 20 ans, il conçoit et construit une Formule 3, démontrant déjà un sens aigu du détail et de la performance. Ses premiers pas dans l’industrie automobile sont effectués chez Renault, où il est missionné pour améliorer la carrosserie et le châssis d’une voiture de course. Son travail de qualité lui vaut une bonne réputation, et c’est lors d’une visite de l’usine Lamborghini, où il fait la rencontre de Giulio Alferi, qu’il décide de partir vivre en Italie pour poursuivre son rêve.  

Il est engagé chez Lamborghini en 1982 et devient rapidement ingénieur en chef, lui permettant de travailler sur des projets d’envergure, comme le concept de la Lamborghini Countach Evoluzione. Son attrait pour les matériaux légers le conduit à initier la création de ce modèle expérimental, et également celle du nouveau département Composite chez Lamborghini. Cependant, cette passion précipite son départ, sa demande d’investissements pour un usage plus poussé de la fibre de carbone étant refusée. Horacio Pagani quitte la firme en 1991 pour fonder sa propre entreprise, Modena Design, spécialisée dans le travail sur la fibre de carbone. Son souhait le plus cher étant de créer son propre modèle, il décide de fonder Pagani Automobili Modena en 1992.  

Pour débuter son aventure, Horacio Pagani doit trouver un moteur capable d’animer son tout premier modèle. Il souhaite s’appuyer sur un V12 déjà éprouvé et se tourne, sur les conseils de son ami proche et quintuple champion de monde de F1 Juan Manuel Fangio, vers Mercedes AMG. Contre toute attente, Mercedes accepte de fournir son bloc V12, un privilège rare à l’époque, Aston Martin étant alors la seule autre marque à avoir conclu un partenariat avec le motoriste allemand, et ce après de longues années de négociation. Ce premier succès ouvre la voie au développement de son premier modèle, la Zonda C12, fruit de sept années de travail minutieux.

Entièrement réalisée en matériaux composites et en fibre de carbone, la Zonda C12 affiche un poids total autour des 1 200 kilos. Elle est animée par le V12 Mercedes de 394 chevaux et présente une qualité de fabrication remarquable pour un premier modèle. La finition intérieure est irréprochable, et l’ensemble des éléments est fait sur mesure. Pour de nombreux amateurs, la Zonda est la quintessence du plaisir automobile, réunissant un V12 atmosphérique, une boîte manuelle, un châssis léger rivé au sol, le tout propulsé par les roues arrière.  

Horacio Pagani dévoile une version S de sa Zonda, désormais équipé d’un V12 AMG et non plus Mercedes, permettant de passer de 394 chevaux à 555 chevaux. Horacio Pagani et son amour des matériaux composites oblige, il parvient même à lui faire perdre du poids. Ses créations dépassent le statut de simples supercars et entrent dans le domaine des hypercars, là où toutes les demandes de personnalisation sont exaucées et où les limites matérielles et financières ne sont plus applicables. La Zonda est déclinée en plus de 10 versions toujours plus performantes, et remplacée en 2011 par la Huayra, puis par la très récente Utopia en septembre 2022. La conviction profonde d’Horacio Pagani dans l’utilisation de la fibre de carbone s’est imposée comme l’un des piliers du succès de sa marque.